Né à Paris en 1904, Jacques Tourneur est naturalisé américain en 1919. Après quelques réalisations en France (Tout ça ne vaut pas l’amour est son premier film, 1931), il entame une carrière à Hollywood, où il tournera plus de trente-cinq films, tout en travaillant activement pour la télévision – il collabore à plusieurs séries, comme Northwest Passage, Bonanza et La Quatrième Dimension. Si l’on retient volontiers Berlin Express, Stars in my Crown (son film préféré) dans sa filmographie qui inclut tous les genres (il a même réalisé un péplum en 1959, en collaboration avec Mario Bava : La Bataille de Marathon), sa production est avant tout déterminante dans le domaine fantastique, notamment le tandem qu’il forme avec Val Lewton (La Féline, Vaudou, L’Homme-léopard). Il arrête de tourner en 1966, quitte Hollywood pour s’installer à Bergerac. Il y mourra le 19 décembre 1977, sans avoir mené à bien le projet de tourner un grand film français. Salué pour son savoir-faire, son sens du cadre et de la lumière, Jacques Tourneur est surtout loué par les maîtres du fantastique et de l’horreur (John Carpenter, Dario Argento, voire Paul Schrader). Martin Scorsese, dans son documentaire Voyage dans le cinéma américain, n’hésite pas à lui consacrer plus de dix minutes, dressant le portrait d’un « cinéaste contrebandier », ayant su imposer son style au sein de la machine à rêves hollywoodienne.